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36 | Gaston HÉLIE




                                                                 Variation 14-VI
                                                                 50 x 50










                                                                   Il aime décomposer les formes en une géométrie
                                                                   savante.  Les  compositions trouvent  leur  dyna-
                                                                   misme tant dans l’ordonnancement et la force du
                                                                   trait que dans l’agencement des masses colorées
                                                                   et la répartition habile des effets d’ombre et de
                                                                   lumière. Attentif à l’harmonie des couleurs, dès
                                                                   1985  l’artiste  abandonne  le coloris  vif des  pre-
                                                                   mières années pour une palette claire traitée en
                                                                   camaïeux de couleurs vibrantes, et finit par dé-
                                                                   laisser le couteau pour la brosse aux effets fluides
                                                                   plus subtils. Depuis 2007, l’épure devient totale
                                                                   et les paysages métaphoriques.



           À l’instar de Mark Rothko dont les paysages iconiques
           célèbres sont marqués par l’horizontalité et le jeu de
           bandes colorées, Gaston HÉLIE transpose sa vision du
           monde sensible dans de superbes compositions ondu-
           lantes qui enserrent, comme une perle dans un écrin,
           le cœur même du sujet qui fait battre l’âme de l’ar-
           tiste.  Une  vision renouvelée  qui  transpose  en  pein-
           ture l’harmonie musicale et poétique que le peintre
           a  recherchée  inconsciemment  depuis  toujours, et
           à laquelle il est parvenu  tardivement.  C’est  à par-
           tir de 1990  qu’il comprend  que  ce  qu’il  recherchait
           était « une sorte de musicalité dans la peinture », et
           qu’il est parvenu à analyser comment la musique était
           construite pour en transposer les règles dans son art
           pictural. « La verticalité, c’est la stabilité… Seules la
           courbe, la spirale et la contrecourbe suggèrent l’idée
           de  mouvement »  affirme-t-il.  Mais  si  pour  lui  le  ta-
           bleau  « s’écoute  comme une sonate  ou un quatuor
           qu’il rejoint dans son expression au-delà des mots et
           des images communes », l’artiste va plus loin dans sa
           démarche, et ne se contente pas de transposer dans
           ses œuvres un simple rythme. À l’instar de Friedrich
           Nietzsche, pour qui la musique, exprimant « ce qu’il
           y a de métaphysique dans le monde physique », était
           considérée comme l’art qui touche le plus l’âme hu-
           maine,  Gaston HÉLIE apporte la démonstration  qu’il
           est capable en peinture d’exprimer son monde spiri-    Impromptu 19-VI
           tuel intime et de le communiquer au spectateur.        100 x 81
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