Page 3 - Présentation du livre Emmanuel Dilhac - Signes d'un Ici et d'un Ailleurs - 2021
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LE PARCOURS D’EMMANUEL DILHAC





                          Formé pour être graveur, inspiré pour être poète, poussé à écrire des chansons, intrigué pour
                        découvrir la force musicale des galets ou des écorces d’arbre, Emmanuel Dilhac ne ressemble
                        à « rien de connu ».
                          Heureusement pour lui, tant mieux pour nous. Le voici arrivé à une nouvelle étape de ses
                        recherches : on y découvre toujours le fond, cette vérité à partager. Dilhac est lucide : partant
                        du principe que la tricherie est le pire des avatars de l’art, même si c’est parfois plus payant
                        que la sincérité, il reste dans la vérité. La sienne, celle qu’il faut partager.

                          Ses œuvres récentes viennent de loin, du bilan de ses expériences sans cesse remises en
                        question, du désir profond de communiquer sa connaissance, ses élans, ses passions, ses bon-
                        heurs. Des colonnes noires, des menhirs logiques, des toiles en relief portent des signes, des
                        repères, des moments d’émoi parce qu’ils s’articulent les uns les autres, parce qu’ils agissent
                        ensemble pour ébranler les évidences trop certaines.

                          Dilhac va chercher ses signes dans le cosmos, dans le passé recomposé de l’homme, dans la
                        mémoire collective.
                          Il invente et on aura toujours l’impression que ces signes sont nôtres, qu’on les a déjà vus :
                        c’est normal, ils sont naturels.
                          Dilhac pratique le retour aux sources pour explorer l’avenir : ce qu’il propose, ce sont des
                        étapes, des évidences et des découvertes. Tout est tranquille en apparence et la paix vient
                        d’elle-même.
                          Il s’agira donc de contemplation, de ressentir une onde venue de très loin, un équilibre inné.

                          Dilhac est musicien dans l’œuvre plastique comme il est peintre dans l’œuvre musicale.
                        Cette lucidité à partager, il en fait sa règle de vie, sa liberté belle, son bonheur. Pacificateur,
                        Dilhac exprime un sens religieux du monde, comme s’il avait réussi à en capter les forces bé-
                        néfiques, le sens laïc de l’homme, ses émois de cœur, ses élans d’âme.

                          Son discours graphique est un acte de foi. Il se situe hors des modes, des styles, des courants.
                        Inclassable et suspect donc pour ceux qui aiment les « conceptions conceptuelles », les tiroirs
                        culturels et les étiquettes officielles.
                          Mais on voit mieux les choses quand elles vivent à l’air libre. Par conséquent à protéger.


                                                                                                            Roger Balavoine
                                                                                                    Journaliste, critique d’art
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